Introduction
Dans mon premier article consacré à ces mamans parfaites , je me suis attachée à définir ce syndrôme et ses manifestations https://www.obonheurcoaching.com/post/syndrome-de-la-mere-parfaite .
Dans ce deuxième volet, je m'attacherai à analyser l'origine de ce syndrôme et ses nombreuses répercussions.
Pour rappel : schématiquement le syndrôme de la mère parfaite se manifeste quand les mères essaient de faire coincider l'image qu'elles ont de la mère idéale avec la façon dont elles se comportent avec leur enfant. Ce faisant, elles viennent réparer leur enfant intérieur et comblent leur besoin de reconnaissance au sein de la famille . Ces femmes veulent être tout aux yeux de leurs enfants au point d'occulter inconsciemment la place du père et être l'élément clé de la famille, le socle sur lequel l'enfant se repose.
Un tel rôle n'est pas si simple à porter car leur implication dans la parentalité est totale et se doit, selon ces femmes, d'être parfaite. Qu'est ce qui explique que toutes les mamans ne soient pas atteintes de ce syndrome? Y a t-il des facteurs qui favorisent le terreau de ce syndrôme?
I- Pourquoi donc certaines femmes sont atteintes du syndrome de la mère parfaite ?
1-1 Le schéma éducatif lié au syndrome de la mère parfaite
La première raison peut être le schéma éducatif transmis par une mère qui s’est elle-même sacrifiée pour ses enfants. La mère est alors un modèle dont la ‘perfection’ pousse inconsciemment l’enfant devenue mère à son tour à faire ‘aussi bien voire mieux’. Cet enfant aura reçu en héritage le ‘driver soit parfait’.
Qu’est-ce qu’un driver ? Ce sont des consignes ou messages reçus dans l’enfance par des parents ou figures parentales et qui guident nos actes de façon inconsciente. Parfois c’est l’enfant lui-même qui interprète une attitude comme un message qui lui est adressé. Un enfant qui voit une mère malade ne pas se plaindre et endurer les épreuves sans mots dire sera dans l'admiration de sa mère et se dira : ce qu'elle me montre c'est qu'il faut être fort. Il sera ensuite guidé par ce driver 'soit fort' tout au long de sa vie.
1-2 L'héritage d'une injonction inconsciente
Une mère ‘parfaite’ peut aussi induire chez l’enfant le sentiment d’une obligation de devoir faire pareil plus tard. La fille d’une mère au foyer peut très bien réussir à s’émanciper matériellement en travaillant mais garder profondément ancré en elle l’héritage maternel.
Parfois la famille dans laquelle ces femmes ont grandi sont des familles dans lesquelles leur mère ont vécu de nombreuses maternité présentées comme l'épanouissement ultime. La maternité est alors sacralisée comme elle l'est dans la religion catholique et donc dans les familles catholiques. Cela devient une sorte de graal à poursuivre auquel l'enfant devenue mère ne pense pas à renoncer.
2-1 Le besoin de réparation
La deuxième raison la plus fréquente dans nos sociétés contemporaines est un manque affectif lié à l’enfance que la femme devenue maman cherche à combler. La mère atteinte de ce syndrome cherche à réparer son manque affectif en surinvestissant son lien avec son enfant. Elle va vouloir donner à son enfant ce dont elle a manqué et ce faisant, répare l’injustice vécue et satisfait ainsi le besoin de reconnaissance qui n’a pas été comblé dans l’enfance.
C'est en somme son enfant intérieur qu'elle répare. Si par exemple, elle a eu une mère irresponsable et immature qui ne lui donnait pas de cadre rassurant, elle s'investira d'une hyper responsabilité en couvant l'enfant et en faisant à sa place. En agissant ainsi elle tente de réparer la parentalité déficiente de sa propre mère. En somme, elle mène une bataille pour elle même mais on le sait bien, une bataille a toujours ses revers et ceux là sont de taille.
II- Quels sont les dangers qui guettent la maman parfaite ?
1-1 Le burn out
Pour ces mothers warriors qui sont sur tous les fronts pour assouvir leur besoin de control, le danger majeur est l'oubli de soi. On ne peut pas travailler à plein temps, avoir les vertus d’une mère au foyer, d’une amante et consacrer du temps pour soi. Pour celles qui tentent d’y arriver, le burn out n’est pas loin et la mise en danger du couple quasi certaine.
Le burn out est souvent associé au travail mais dans ce cas c'est le dévouement total de ces mères envers leur(s) enfant(s) cumulé aux autres obligations, dont le travail fait partie, qui favorise le burn out.
La moindre baisse de régime que ces 'mères parfaites' pourraient ressentir est vécue comme une faille inexcusable.
Comme toutes bonnes perfectionnistes, l'auto critique refait surface chaque fois qu'elles se sentent fragilisées dans leur rôle de parent, qu'elles portent comme Jésus sur sa croix.
Ce jusque boutisme met en péril leur santé psychique car la fatigue cumulée et les tensions crées par l'accumulation des tâches qu'elles s'imposent, peuvent se solder par un épuisement mental grave.
2-2 Perte de sens
Elles pensent n'avoir de valeur que dans leur rôle de parent et ne se sentent vivantes qu'à travers ce lien de parentalité.
Certaines, hélas finissent par reprocher à leurs enfants d'avoir sacrifiées injustement leur vie pour eux quand ces derniers essaient de prendre de la distance. Ces reproches créent des conflits et gâchent la nature du lien filial.
Les dégats que créent ce syndrôme affectent hélas toute la sphère familiale et le père n'y échappe pas.
III-Les victimes collatérales
1-1 Le père, sacrifié au nom de la perfection
En effet, les pères se voient relégués au second plan et peinent à trouver leur juste place dans l’éducation de leur enfant. Toutes sortes de scénarios peuvent alors découler d’une telle situation. ils peuvent en vouloir à leur femme et tenter de se rebeller, occasionnant des disputes fréquentes dans le couple qui contribueront à son usure ; ils peuvent se détourner de leur enfant se sentant déposséder de leur légitimité ou bien finir par quitter le foyer.
2-2 Les enfants victimes inconscientes
Quants aux enfants censés avoir la place de choix, ils ne seront pas non plus épargnés par les dégats.
A l'école, ils souffriront de se sentir différents car leurs cadres ‘parfaits’ les isolent. Les enfants petits ou adolescents ont besoin d’un sentiment d’appartenance à un groupe. Avoir des centres d’intérêts communs facilitent la création de liens. Si vous avez interdit totalement les jeux vidéos à vos enfants pour favoriser la lecture ou les jeux de société, ils ne pourront pas participer aux conversations à la récréation autour du dernier jeu sorti. Il en est de même pour la télé.
Les enfants vont au mieux développer le sentiment aigu d’être différents et le cultiver, une stratégie qui leur permettra de ne pas en vouloir à leur mère et de vivre sereinement au sein du foyer parental. Au pire, ils se verront rejetés par les autres et s’enfermeront dans leur monde. Le danger qui les guette est la dépression s’ils n’arrivent pas à sublimer ce mal être par la création.
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2-3 Les enfants devenus grands 'otages consentants'
Devenus adultes ces enfants peuvent porter le poids de la culpabilité quand ils désirent s’affranchir du foyer parental. Une culpabilité qui les empêchera de vivre leur vie en toute sérénité même s’ils ont réussi à mettre de la distance. Les conséquences peuvent être désastreuses. Ils peuvent devenir ‘des évitants ‘, un trouble psychiatrique classé dans le DSM-5. Ce trouble va impacter toutes les sphères de leur vie sociale et sentimentale.
Les évitants se caractérisent par leur sensibilité exacerbée à la critique d’autrui qui les amènent à fuir toutes formes d’opposition et à constamment se plaindre de leur sort sans jamais rien entreprendre. Ils font souvent preuve de rigidité dans leur perception des choses mais aussi dans leur façon d’être. La passivité dans laquelle ils sont englués est si paralysante qu’ils ne voient pas l’urgence de changer.
Leur trouble les amènera aussi à avoir des problèmes d’engagement de peur d’être rejetés. Ils ne resteront généralement qu’avec une personne qu’ils n’aimeront pas forcement mais dont ils auront l’assurance qu’elle les aime.
Ils ont une aversion pour toute forme de risques et souffrent d’une anxiété qui se manifestera par toutes sortes de troubles psychosomatiques : maux de dos, troubles du sommeil, fatigue récurrente (souvent signe de dépression larvée).
Leur attitude est en sorte celle de l'enfant qui ne veut pas grandir. Ces enfants adultes ont des symptômes qui s'apparentent au syndrome bien connu de Peter Pan notamment dans leur difficulté à s'opposer à la mère.
En conclusion, la souffrance sera le lot à payer des deux côtés. Il est donc préférable de prendre conscience de son syndrome et briser ce cycle sans culpabiliser et de travailler pas à pas à s’en défaire.
Apprendre à déléguer est la première urgence. Votre conjoint peut faire à manger et même si ce n'est pas parfait votre enfant appréciera que papa mette la main à la patte pour lui. Autorisez vous à souffler car vous y avez droit. La vie n’est pas parfaite alors pourquoi chercher à l’être ?
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